AMPARO
LES AMIS DU PATRIMOINE DE ROMILLE
Le tram et la gare de Romillé
Romillé…cinq minutes d’arrêt !
« La gare de Romillé ? Mais bien sur ! Vous prenez tout droit en suivant le chemin devant vous en direction de Becherel, à 300 mètres sur votre droite… ».
Vous auriez certainement pu entendre cette conversation dans le bourg lors de l’entre deux-guerres ou plus exactement entre 1902 et 1947 car, comme on peut le voir sur ces cartes postales, il a bien existé une gare à Romillé à cette époque. Construite au tout début du siècle dernier par la Compagnie des tramways à vapeur d’Ille-et-Vilaine (TIV) pour servir de station sur la ligne qui allait de Rennes à Becherel via La Mézière, la gare se situait exactement à l’emplacement actuel de la Résidence de la Poste et les deux maisons que l’on aperçoit sur les documents figurés ci-contre existent toujours au 27-29 rue de Galerne et au 18 Résidence de la Poste.
Le début du vingtième siècle correspond à l’apogée des chemins de fer secondaires, relativement économiques à cause de leur technique de construction qui se démarque alors par des lignes avec des écartements des rails plus étroits, édifiées sur la chaussée ou en accotement des routes existantes. Ainsi la voie qui desservait Romillé suivait quasiment le tracé des routes que nous connaissons aujourd’hui pour aller d’un côté vers Gévézé et de l’autre vers Irodouër.
Ce chemin de fer, alors appelé tramway, traversait la commune d’est en ouest au nord du bourg, bifurquait en venant de Gévezé à hauteur de la Houltais pour remonter sur le côté Est de l’actuel « Super U », longeait l’Orée du bois et rejoignait la gare en passant au sud de l’actuel Centre de première intervention des pompiers et des ateliers municipaux. Le cadastre actuel en garde de très nettes traces avec de nombreux délaissés qui datent de la fermeture de la ligne.
Il fallait alors près d’une 1h30 pour rejoindre Rennes par voie ferrée au départ de Romillé et ½ heure pour aller dans le sens inverse à Becherel. Les deux haltes qui encadraient la gare de Romillé étaient à l’ouest, Sévigné sur la commune de Gévézé (peu après le Saut Bois) et la Chapelle Saint-Urbain à Bédée. Une partie des habitants de la commune devait d’ailleurs trouver ces arrêts un peu trop éloignés pour aller vendre son beurre et ses en œufs en ville car le conseil municipal demandera (sans succès ?) au TIV une halte supplémentaire sur la commune au lieu dit la Mettrie Chassault en février 1912.
Si la ligne de chemin de fer a été en service plus de quarante ans, son exploitation avait bien mal débuté car le train reste « en détresse » lors du trajet inaugural le 12 octobre 1902, à proximité de la gare de Gévezé, obligeant le chef de train à solliciter un agent en bicyclette pour quérir une machine de secours en gare centrale de Rennes. Plus grave, le Courrier breton du 25 novembre 1906 relate une tentative d’ « attentat » avec le placement sur la voie entre Irodouër et Romillé de deux grosses pierres d’une quinzaine de kilos destinées à faire dérailler le convoi. Le Parquet a ouvert une enquête nous assure le journal.
A part quelques incidents avec des bestiaux, le trajet de notre « tortillard » sera plus calme avec les années et l’installation du premier distributeur d’essence, dans notre commune chez M. Taillé en 1929, annonce déjà l’amorce du déclin du tramway rural. Supplantée par le modernisme et l’expansion des automobiles, autocars et autres camions, la ligne va fermer en 1947 et une délibération du conseil municipal de mars 1948 explique que la compagnie TIV propose à la mairie la vente de la pierre de ballast située sur l’étendue de la commune au prix de 25 francs le mètre linéaire. En quelques mois, l’infrastructure de la ligne sera ainsi démantelée au profit de l’empierrement des chemins ruraux et cours de fermes de Romillé.
Remerciements à Serge Aubert et JJ. Nicolas.
Sources : délibérations du conseil municipal de Romillé
Archives départementales 35 (série S)
Archives municipales Rennes : 2 O 14
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tramways_d'Ille-et-Vilaine