QUELQUES MICROTOPONYMES

 

Le cadastre napoléonien de la commune de Romillé, achevé en septembre 1825, comporte 5 sections sur lesquelles on dénombre 5847 parcelles :Cantonet (950), Biardel (1240),Le Perron (735), Les Couettes (947), Quinfromel(1018), Le Bourg (957). Chaque parcelle a un nom. Nous en retiendrons quelques uns avec tentative de signification. Le chiffre qui suit le nom du lieu-dit correspond au numéro de la parcelle.

 

Sur Cantonet

*La Bédouaudière(12) : le lieu des blaireaux

En a.fr. Bédouau, Bédoual = blaireau.

Dans Rabelais : «  Laissez moy ces manteaux de loup et de bédouault »

*Le loup pendu(172) : comme son nom l'indique

Nom très fréquemment utilisé. Ex : « le loup pendu » à Epiniac, Paimpont,  Noyal sous Bazouges, St Launec(22); la Croix du Lou pendu à La Bouéxière, La rue du Loup pendu au Plessis-Robinson(Hauts- de-Seine). A ce propos le responsable du Service Archives et documentation de la Mairie du lieu écrit:

«  L'origine de ce nom remonte au M-A. Une légende locale raconte qu'un loup, célèbre pour ses ravages, avait été chassé et pendu à proximité(ce qui était fréquent à l'époque)... On trouve dans toute la France des rues, chemins et lieux-dits du « loup pendu » en relation avec des légendes évoquant toujours un loup affamé qui rode autour des villages et que l'on pend à l'arbre pour conjurer le sort ou dissuader les autres loups. » Pourquoi pas ?

*Les brégeons (198)

Sillons plus courts (du fait de la forme du champ)

Brégeon terme gallo signifiant « dernier sillon court au bout d'un champ ».

Labour en biais à l'extrémité d'un champ. Bergeon, variante de brégeon, signifiant, dans la région de Blois, pièce de terre qui a la forme d'un triangle

plus ou moins allongé.

* Les mazières (219)

Les murailles (ou les ruines de murailles)

A.fr. Maisière. Le nom pourrait être fort ancien et se référer à des vestiges de constructions déjà ruinées avant la romanisation.

A noter que la parcelle 904 est dite « les murailles »

« La mézière » même signification.

* La bouillonière(348)

En gallo « bouillonou » signifie sale et boueux.

Le lieu boueux, humide.

*Le courtil aux mouches(650)

A.fr cortil = petite cour ou jardin de campagne fermé de haies, de fagotage, de fossés et quelquefois de murs. Les mouches = abeilles

Le jardin aux abeilles

Sur Biardel

* Le champ au cocu(125)

Attention ne nous trompons pas : le sens de mari trompé n'est attesté qu'à partir du XVè siècle. Il s'agit en réalité de : Le champ du/au coucou

* L'étoube(304)

L'éteule

Etoube : chaume laissé sur place après les moissons, reste de paille correspondant au pied de la céréale qui va se dresser sur le champ jusqu'au labour d'automne.

Le terme est relativement récent car il ne figure pas au dictionnaire de l'ancien français ni éteule d'ailleurs.

* L'arrenté de la monneraye(384)

Terrain donné ou pris à rente

Arrentement : redevance dûe au seigneur. Arrentage : prélèvement annuel sur les récoltes effectué par le seigneur pour l'héritage qu'il a donné à cens.

Arrentir : donner à bail, à ferme.

Sur le cadastre de nombreuses parcelles sont dites « arrenté »

Parcelle 691 dite «  les mazières ». Voir ci-dessus.

* Le vivier de Malabry(432)

Etang, réservoir où l'on conserve du poisson (pour les vendredis et jours de carême)

* Le touchet (562)

2 hypothèses : - le coin, l'angle, l'extrémité (a.fr.),

- petite touche c-à-d. « réserve de bois à la limite des défrichements. »

* La Jannaye(739)

A.fr. « janc »

Le lieu couvert d'ajonc

La janaie (ou janais, ou jannaye) correspondrait à la pousse de l'ajonc de l'année alors que « la jaunaie » serait l'ajonc le plus ancien.

§  Le champ du pertuis(1021)

Pertuis : passage, défilé mais aussi ouverture à barrage mobile pour lâcher ou retenir l'eau.

A proximité : le pertuis noguet(1007), le clos du pertuis (1046)

* La garenne (1235)

Réserve de chasse seigneuriale

Breton « gwaremm ». Pour expliquer le terme A. Deshayes écrit: «  terrain pierreux à flanc de coteau, garenne » pourrait procéder d'un emprunt au latin médiéval warenna qui, en droit féodal, s'appliquait à un terrain de chasse ou de pêche réservé au seigneur. »

Dans le Roannais garenne aurait, selon X.Gouvert , un sens différent « endroit clos (garenne forcée ou privée) ou ouvert (garenne libre) où l'on élève des lapins en semi-liberté; tout bois ou toute bruyère où abondent ces animaux .»

Sur la section C du Perron

* Les grandes margatières(147)

Les grands marais incultes ?

A noter, tout à côté, la petite margatière(parcelle 150)

* Les fontenelles(179)

Les petites fontaines (ou peut-être aussi petites sources)

Sur la section D des Couettes

 

* Les petits guérets

Terres labourées prêtes à être ensemencées

* Le herbregement

Terme de vieux français = herbergement, correspondant à notre « hébergement ». Ici on pourrait traduire par « logement », «  habitation » mais le mot peut aussi signifier « hôtellerie », « auberge ».

* La perrière

Le suffixe « ière » signifie « l'endroit où il y a.. » et dans ce cas de la pierre, d'où Le lieu pierreux ou, peut-être, la carrière de pierres

Sur la section E de Quinfromel

* La coudrais(162)

L'endroit où poussent les coudriers (les noisetiers)

Nom de lieu très fréquent : 146 « coudrais », 57 « coudraie » au parcellaire d'I-et-V.

* Le patis du temple(218)

Terre en vaine pâture, non cultivée

Du latin populaire « pasticum » c-à-d. terre inculte, friche ou jachère, où l'on fait paître les animaux.

* La justice(248)

Le lieu de la justice,celui où se dresse(nt) la(ou les) potence(s)

(les fourches patibulaires). Le terme a désigné l'exercice du droit et aussi l'instrument de supplice servant à la peine de mort.

96 « justice » au parcellaire d'I-et-V. dont Gévezé, Guipel, Cesson...

Autres toponymes qui évoquent la peine capitale : le poteau, les fourches, la potence, le pendu. 12 « fourches » au parcellaire.

* Le chardonnet(308)

Le lieu des chardons

30 «  chardonnet » au parcellaire.

* Le clos du meslier(345)

Le jardin du néflier

Meslier nom de lieu très fréquent : 158 au parcellaire .

* Le clos du paradis(820)

Sans doute un cimetière de lépreux.

* L'absinte (982)

Ne s'agit-il pas plutôt de «  l'absine » (v.français)? Dans ce cas il s'agirait d'une terre inculte

Sur la section F du Bourg

 

* Les écotais (terme gallo)

Passage difficile dans un chemin

* La couaille

Extrêmité d'un étang (qui reste à sec pendant la saison des basses eaux)

Couaille = la queue. En vieux poitevin couaille signifiait pan de chemise; ainsi, on se promenait en couaille.